Page:Deprez - Petit cours d'histoire de Belgique, 1916.djvu/66

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 64 —

suivies avec ces riches contrées ; la marine se développa ; les ports s’animèrent. Bruges, en quelques années, devint le grand marché de l’Occident et le premier port du monde. — Cette admirable activité commerciale et industrielle rendit les villes opulentes. Les marchands, devenus maîtres de l’or, formèrent une aristocratie nouvelle à côté des nobles possesseurs du sol, et ils éclipsèrent bientôt ceux-ci par les splendeurs d’un luxe inouï.

4. Progrès intellectuels. — Enfin, les croisades transformèrent la civilisation occidentale.

Elles suspendirent, momentanément les guerres privées, qui entretenaient la barbarie, maintenaient les habitudes de pillage, et semaient partout la ruine dans les campagnes désolées. Tous ces petits seigneurs ennemis devinrent des amis et des frères en poursuivant un même but, au milieu des mêmes périls, au prix des mêmes souffrances.

D’autre part, nos rudes chevaliers observèrent avec surprise les mœurs élégantes et la politesse exquise des populations policées de l’Orient.

La civilisation arabe dans tout son éclat leur fit connaître des sciences nouvelles : la chimie, la médecine, la géographie, l’histoire et la philosophie.

Les croisés ne purent voir d’ailleurs sans admiration les superbes monuments qui s’élevaient partout dans les villes orientales. Pris d’émulation, ils commencèrent, au retour, ces cathédrales somptueuses, qui sont encore à nos yeux de purs chefs-d’œuvre.

Enfin, la période des croisades vit renaître en Europe la culture des belles-lettres. Les croisés rapportèrent de l’Orient, ce pays célèbre des contes ingénieux, bon nombre de petits récits magnifiques de malice et de gaieté. Ensuite, des poèmes plus importants, les romans de chevalerie, racontèrent en vers les aventures merveilleuses et les glorieuses prouesses des chevaliers. Les trouvères et les troubadours se multiplièrent. Ainsi reparut le goût de la littérature, que tous les efforts de Charlemagne n’avaient pu faire refleurir.

Les croisades coûtèrent la vie à des millions d’hommes, et laissèrent la Terre-Sainte aux Musulmans. Mais elles valurent néanmoins à l’Europe des avantages inestimables :