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Triomphe de la démocratie. — En 1384, les nobles abandonnèrent d’eux-mêmes leurs derniers privilèges, et tout le Conseil de la commune fut élu par les métiers.



CHAPITRE III

Luttes des communes flamandes contre la France.


§ 1. — Bataille de Groeninghe (1302).


1. Confiscation de la Flandre (1300). — « La plus belle comté est Flandre » avaient coutume de dire les rois de France. Aussi aspiraient-ils à rétablir leur autorité sur ce fief magnifique, devenu en fait un État indépendant. Les circonstances leur parurent favorables à ces desseins sous le gouvernement de Gui de Dampierre.

Le roi d’Angleterre Edouard Ier était en guerre avec la France. Désireux de s’attacher le comte de Flandre, il lui demanda la main d’une de ses filles pour son fils aîné. Gui de Dampierre accepta de grand cœur une aussi brillante proposition. De là, irritation vive du roi de France. Toutefois le rusé monarque n’en fit rien paraître. Simulant même une entière satisfaction, il envoya féliciter la princesse, sa filleule, l’invitant, à venir à Corbie, lui faire ses adieux avant le départ. Gui et sa fille s’empressèrent de déférer au désir royal. Mais quand il les vit en son pouvoir, Philippe le Bel jeta le masque et éclata en violents reproches : « Flamand ! s’écria-t-il, tu t’es rendu coupable de félonie ! Tu as forfait ton comté ! je déclare toi et les tiens mes prisonniers ! » Peu après cependant, il relâcha le vieux comte, mais retint captive la jeune princesse qui mourut de douleur.

Gui de Dampierre, commença des préparatifs de guerre, et conclut une alliance avec le roi d’Angleterre et l’empereur d’Allemagne. Mais le roi de France, devinant ses projets, envahit aussitôt la Flandre avec une armée considérable. Le comte, abandonné de ses alliés, perdit successivement toutes ses villes, en dépit de la vaillance de ses fils, de l’aîné surtout, nommé Robert de Béthune.