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la verdure dorée


Qu’importe ? N’ai-je pas cette aube que je bois,
Ce matin bourdonnant, ces feuilles et ce bois
Et toi qui dans tes bras endors toute amertume ?
Qu’un autre pour l’honneur d’une palme posthume
Ferme ses contrevents sur les jardins fleuris
Et meure dans son encre et dans ses manuscrits !
Mais moi qui sais jouer des cithares diverses
Et goûter le soleil, la lune et les averses,
Les roses de cristal sur les prés endormis,
Je chante pour moi-même et pour quelques amis,
Et j’écoute siffler l’air tiède dans ses flûtes
En levant vers l’azur ma pipe et ses volutes
Et sans me soucier sous ces arbres touffus
Que dans quatre mille ans on sache que je fus.