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la verdure dorée

CXXIX

À Roger Dévigne.


Nous qui dans les matins grandioses voulions
Vivre couverts de gloire et de peaux de lions,
Nous finirons gérants de bar, tabellions,

Archivistes ou grooms d’autos aux larges trompes ;
Mais, sevrés pour jamais du triomphe et des pompes
Qu’importe à notre cœur, Destin, que tu le trompes,

Si tu nous sais donner l’espoir toujours nouveau
D’aborder au pays sans neige ni tombeau
Où verdit à l’azur le laurier le plus beau,

Et si cette espérance a doré nos journées,
Si nous avons souri des guirlandes fanées,
Confiants au loyer des tâches obstinées,

Et si, chantant dans la ténèbre et dans le vent,
Nous nous sentons avec une candeur d’enfant,
Baigner dans la lumière et le soleil levant.