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la verdure dorée

CXXXVI

À Armand Praviel.


Sur le toit noir et bleu que mon exil habite
La grêle blanche et dure aux ardoises crépite
Et rebondit, tintant aux vitres, parmi les
Plumes qui volent dans la fuite des poulets.
Grêle, boules de gui, cristal, œufs des colombes
Fabuleuses, dans un fracas rauque tu tombes,
Fauchant les roses des rosiers, et tu détruis
La verdure des cerisiers rouges de fruits.
Dans l’herbe, les rubis roulent avec les perles.
Ô nuage, au coteau bleuâtre tu déferles
Comme un océan gris qui submerge l’azur
Et la terre avec ses vignes tristes ; et sur
Le paysage éteint cette mélancolie,
N’est-ce la mienne où tout soleil baisse et s’oublie,
Qui déchire et ternit les rameaux les plus verts
Et de cendre et de nuit imprègne l’univers ?