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la verdure dorée

CXLII

À Philippe Chabaneix.


Philippe, vous tiriez les lapins de garenne
Dans les prés jaunes de Cazères-sur-Garonne
(Canton dudit, arrondissement de Muret)
Aux jours lointains où dans les saules murmurait
Cet air sec et brûlant qui fripait le feuillage.
Une hirondelle sur l’aiguille de l’horloge
Se posait et dormait en laissant pendre ses
Ailes noires, tableau charmant, et je passais
Devant l’église avec vous et la chienne lasse
Qui buvait à l’ornière et tirait sur sa laisse
En revenant de la chasse, et nous demeurions
Sur la place où grinçaient déjà quelques grillons
À regarder les deux clochers de brique pâle
Et rose. Sous l’oiseau noir l’aiguille immobile
À six heures marquait encor deux heures moins
Le quart. Odeur des bois, de la terre et des foins,
Odeur des coudriers au bord du fleuve amère
Et visqueuse, c’est vous que je me remémore
En arrêtant ce soir l’aiguille de mes jours
Sur les lapins roulant dans l’herbe et les labours.