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Page:Derème - La Verdure dorée, nouv. éd.djvu/283

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la verdure dorée


Une abeille froisse son aile ;
Qu’aux verts bambous de la tonnelle
Un liseron se dénoue et se fane ;
Que les lilas noircissent sous la neige ;
Qu’un chien se noie au tumulte des gaves
Et que meure une ardeur que tu crus éternelle :
Ce sont toutes choses égales.

Les bleus martins-pêcheurs égratignaient le fleuve calme ;
Tu sommeillais sous les noyers dont l’ombre est fraîche et noire
Et tu rêvais, loin du faux musc et du vacarme
De la ville où régnaient la Matchiche et la Tonkinoise
Et cette blanche ballerine
Qui dansait nue avec un ara bleu sur la poitrine ;
Sous les feuillages qui chantaient au vent d’automne,
Malgré ton désespoir dans l’herbe de la rive
Tu n’avais pas ce cœur qui se lamente et qui s’étonne
Et tu savais encor, sous tes larmes, sourire.

Laisse tomber les feuilles jaunes des platanes
Et tes espoirs pareils à des fusées
Qui montaient en brûlant au-dessus des plaines natale ;
Demain il y aura de nouvelles rosées,
Des feuillages nouveaux et des lèvres persuasives
Et des amours que déjà tu désires
Éclatant sur tes jours comme l’orage et les tonnerres,
Des tendresses que berce en caresse l’azur des îles,
Et de plus en plus éternelles.