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la verdure dorée

XXXVIII


Dans la froideur de l’aube hivernale, il bruine
Sur les palais branlants et les murs en ruine ;
L’église où s’unissaient les myrrhes et les chants
Croule ; sur les degrés pousse l’herbe des champs ;
Et les toits éventrés par les quartiers de roche
S’effondrent ; le lierre aux gargouilles s’accroche.

Dans la ville déserte, aux lueurs des flambeaux,
Je pénètre et fouillant les caves, les tombeaux,
De l’aube au crépuscule et du soir à l’aurore,
Éperdu, je me mêle au passé que j’adore,
Et voici des miroirs, des perles, des colliers,
Des anneaux précieux à tes doigts familiers,
Et des lis trépassés dont tu respiras l’âme.
Et mon cœur de tristesse et de douleur se pâme
En évoquant, parmi ces décombres, tes yeux !

Ah ! laisse-moi verser des pleurs silencieux.