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dans l’humanité

facteur de l’humanité est contraire aux principes de la science sociale et politique.

L’élimination de la femme dans la gestion des intérêts généraux, cause un dommage considérable aux nations et entrave leur marche.

Et, hormis certaines écoles socialistes, et en tête le saint-simonisme et le fouriérisme, les hommes d’État réputés les plus fameux n’ont été ni assez observateurs, ni d’assez bonne foi pour reconnaître par où leur système pèche. C’est à croire qu’ils ignorent l’histoire. Jamais cependant, dans les terribles crises qu’a traversées l’humanité, la femme n’a manqué de fournir son contingent souvent décisif.

À divers intervalles, elle a montré brillamment ce dont elle était capable. Entraînée par la nécessité de l’évolution, surexcitée par le tragique d’une situation extrême, elle accomplit spontanément, douée d’une force intuitive, des actes de première grandeur.

De plus, dans les rares circonstances qui ont amené des femmes au pouvoir, les peuples ont-ils eu lieu de s’en plaindre ? Les Élisabeth, les Catherine II, les Marie-Thérèse, et tant d’autres, n’ont-elles pas gouverné avec gloire ? Et si l’on eût mis quelque héritier mâle à leur place, n’est-il pas supposable qu’il n’eût pas atteint la même hauteur ? Examinez l’histoire générale et vous verrez que, sur trente souverains appartenant au sexe dit noble, il y en a à peine cinq de capables. Il devient alors extraordinaire que, sur le petit nombre de femmes parvenues au trône sans avoir, remarquez-le bien, été l’objet d’un choix et d’une sélection, plusieurs se soient révélées politiques de génie.

N’est il pas singulier que, dans une des situations de la vie où il faille déployer le plus d’énergie, le plus de volonté et le plus de profondeur de vues, la femme ait été, pour le moins, l’égale de l’homme ? Et chose curieuse,