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ève

raison et à la vérité. Cela paraît hardi ; on s’écriera : «Quel aplomb !» Mon Dieu, quelque audacieuse que soit cette assertion, je la soutiendrai.

Que dirai-je ? Peut-être des lieux communs. Vous savez que les vérités les plus simples sont souvent, chose singulière, celles qui demandent le plus de temps pour être approuvées. N’attendez pas non plus que je présente un tempérament, un caractère comme la mesure de tous les tempéraments et de tous les caractères, ni que je tire d’un fait particulier une loi générale. Non ; mon procédé est plus rationnel, permettez-moi de dire plus logique ; je ne m’appuie absolument que sur des observations, sur des données empiriques, sur des faits. Je n’irai pas chercher mes exemples dans des régions trop hautes ou trop basses, mais dans ce monde qui circule autour de vous et que vous serez étonnés de n’avoir pas aperçu encore. Je fais naturellement des réserves : il y a certainement des esprits qui connaissent le monde et l’ont apprécié ; mais enfin la masse n’a pas encore compris ce que je viens vous dire.

Si l’on s’étonne qu’une absurdité, qu’une erreur se soit implantée si fortement dans les esprits et ait pris force de loi, je vous présenterai des exemples à l’appui. Je vous dirai : « Mais c’est vieux comme le monde ». Ainsi, dans la science, en médecine surtout, il est des erreurs qui ont été longtemps enseignées comme vérités. Pendant près de treize siècles les grands docteurs en médecine ont fait de la pathologie, de la thérapeutique d’après un faux bonhomme, un bonhomme qui n’existait pas, complètement imaginaire. Il y avait une anatomie fantaisiste et conventionnelle. Un beau jour, des esprits moins timorés, qui ne se contentaient pas de regarder dans les livres et qui regardaient aussi autour d’eux, se sont dit : « Tiens ! c’est drôle ! cela ne