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ève.

« Les deux manifestations extérieures de Dieu sont la forme et le mouvement.

« Dans l’humanité, le masculin est mouvement ; le féminin est forme. De leur rapprochement naît la création perpétuelle ; mais ce rapprochement ne se fait pas sans lutte. Il y a choc avant qu’il y ait fusion. Chacun des deux termes trouvant en l’autre ce qu’il n’a pas en soi, cherche à s’en emparer. Le mouvement veut entraîner la forme avec lui, la forme veut retenir le mouvement. »

Examinons :

« Les deux manifestations extérieures de Dieu sont la forme et le mouvement. »

Comment ! Monsieur ! vous qui vous basez sur la Bible, vous omettez de Dieu la manifestation la plus considérable, l’acte le plus puissant, — la création ! — Vous le réduisez au rôle de Démiurge — artisan ; — et la matière donc ? Créée ou incréée, n’est-elle pas manifeste, visible, divisible, tangible, palpable ? Sans elle, sur quoi s’exerceraient donc le mouvement et la forme ? N’est-elle pas le fondement, l’élément, l’essence de toute chose ? N’est-elle pas le substratum nécessaire, susceptible de recevoir les modifications possibles ?

Maintenant, pourquoi séparer la forme du mouvement d’une façon si distincte ; pourquoi ne pas signaler le lien qui les attache nécessairement l’un à l’autre, puisque le mouvement est le générateur de la forme, et que la forme n’existerait pas sans le mouvement ; que tout mouvement décrit une configuration et qu’il la fait et la défait, la modifie et la change suivant les conditions dans lesquelles il opère ? « Donnez-moi de la matière et du mouvement et je ferai le monde », s’écriait un savant illustre. La forme est donc la résultante du mouvement. Continuons.