Page:Deraismes - Eve dans l humanite - Les Droits de l enfant.pdf/46

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

LA FEMME ET LES MŒURS


Messieurs, Mesdames,

Notre premier entretien n’a été qu’un exposé synthétique des motifs qui ont déterminé la subordination de la femme dans l’humanité.

Ces motifs, d’essence égoïste et brutale, se sont déguisés sous l’apparence du dogmatisme religieux, de la philosophie, voire même de la science ; car, pour être savant, on n’en est pas moins homme. Donc, ceux qui veulent pénétrer les lois de la nature, étant imbus de préjugés séculaires, préjugés qui flattent leur vanité, ont bien plutôt cherché, dans l’étude des organismes humains, à les légitimer qu’à les détruire.

C’est ainsi qu’ils ont décrété, à priori, la supériorité du principe mâle dans l’acte générateur, supériorité comprenant toutes les créations d’ordre moral et intellectuel. Cette conclusion hâtive et inexacte, faite par des esprits prévenus, a établi et consacré la hiérarchie dans les rapports des deux sexes. Or, de la nature hiérarchique ou égalitaire des rapports établis entre l’homme et la femme, dépend l’état des mœurs de l’individu, de la famille et de la société.

Les nécessités génésiques déterminent l’union des sexes, qui est elle-même la première manifestation