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L’Hellène était courbé : peuple dégénéré,
Il murmurait tout bas les poëmes d’Homère ;
Mais timide orphelin qui demande sa mère
Et cherche en sa mémoire un bonheur effacé,
Comme on vit du présent, il vivait du passé.
Aux yeux de l’étranger, pour cacher sa ruine,
Il racontait encor Platée et Salamine,
Et fiers de leurs aïeux, ces esclaves chrétiens
Mesuraient le fronton de leurs temples païens.

La Grèce s’est émue au mot d’indépendance…
À l’heure du réveil finit la décadence.
Que de sang baignera les marches de l’autel
Où la Grèce à genoux attend le coup mortel !
Ainsi que la colombe expire entre les serres
De l’aigle dont la faim a redoublé l’ardeur,
La vierge se débat aux mains des janissaires
Et conserve en tombant son voile de pudeur.
Nouveaux Cadmus, les chefs frappent du pied la terre ;
De l’héroïque sol surgissent des héros,
De la mort naît la vie, — et puis le cimeterre
Se fatigue et sert mal la fureur des bourreaux.
Résiste encore un jour, un seul jour, Hellénie !