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Le vôtre est aussi pur, le vôtre est aussi beau,
Chevaliers de Saint-Jean qui gardiez un tombeau.
Égaux par le devoir, d’humble ou de haute race,
Sous la robe de lin vous portiez la cuirasse.
Vous n’aviez qu’un seul cœur, vous aviez mille bras !
Toujours prêts à passer des autels aux combats,
Vous tombiez sous le fer ou mouriez dans la flamme :
Modeste dévoûment que Dieu seul connaissait,
Mais qui couronnait l’âme
Quand le corps périssait !…

Ces preux que dans la nuit le temps a fait descendre,
Si les rois l’ordonnaient, renaîtraient de leur cendre
Et saisiraient encor pour des exploits nouveaux
Le glaive, compagnon de leurs pieux travaux.
Jésus ne tient-il plus les palmes éternelles ?
Les anges sur le monde ouvrent-ils moins leurs ailes ?
Et les hommes fervens que la foi visita
N’ont-ils plus leur fanal sur le mont Golgotha ?
Comme un trésor sans prix la croisade latine
À ces Hospitaliers remit la Palestine :
Oh ! parlez ! Dieu le veut ! Ils renaîtront soudain,
Sentinelles du Christ aux rives du Jourdain !