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Sentinelle de pierre au-dessus d’un cercueil ;
À travers deux mille ans, pensif, je te contemple,
Mais non pour mesurer l’obélisque ou le temple
Qui de leurs dieux déchus semblent porter le deuil.

Je cherche dans ton ciel l’auréole sublime
Qui partit du Thabor, éclairant chaque cime,
Et du haut de Sion vola jusqu’à Memphis ;
Je cherche en vain la croix… La croix est renversée !
J’écoute, et n’entends plus qu’au fond de ma pensée
La langue des aïeux morte aux lèvres des fils.

Vous subirez du temps les dernières atteintes,
Inutiles tombeaux des nations éteintes.
Un jour, un seul marqua votre passé lointain,
Lorsqu’au sombre déclin d’une gloire ternie
Sur vos débris poudreux le burin du génie
Effaça Sésostris pour écrire Augustin !

Qu’il est noble, le nom de l’apôtre d’Afrique !
Enfant, il a grandi sous les yeux de Monique ;
Homme, il fut un foyer d’éloquence et d’ardeur ;
Évêque, avec le schisme, il luttait sans relâche
Quand, forcé tout à coup d’interrompre sa tâche,
Il monta l’achever dans les bras du Seigneur !