conspiration généreuse en faveur de l’héroïne provençale.
Tout, Paris pour Mireille eut les yeux de Vincent.
Certainement M. de Lamartine forçait l’admiration en rapprochant d’un seul bond Mistral de l’antique Homère. Mais en soi-même cette admiration n’avait rien que de légitime. On trouvait tant de vérité, tant de fraîcheur, de simplicité charmante dans cette idylle provençale, tant de qualités qui sont celles des vrais classiques, que plus d’un bon juge a pu classer Mireille assez loin de VOdyssée sans aucun doute, mais à un rang fort enviable, parmi les petits chefs-d’œuvre de la poésie pastorale. C’est là sa place, et nous osons croire que l’avenir l’y maintiendra.
Quel rang occupera Calendal ? Sans prétendre porter une conclusion sur un ouvrage à peine publié de la veille, nous essayerons, en donnant une analyse du poëme, en y relevant des beautés réelles et des imperfections qui ne nous semblent pas moins réelles, de suggérer à nos lecteurs quelques éléments pour une appréciation qu’ils compléteront plus tard. Nous dirons avec une pleine sincérité ce qui élève cette poésie à des hauteurs que l’on n’atteint plus guère aujourd’hui ; nous dirons aussi ce qui la rabaisse au-dessous de ces œuvres parfaites qui s’imposent toujours à l’admiration des hommes. Nous savons du reste, d’après Mireille, que Frédéric Mistral appartient à la race des vrais poètes, pour lesquels la liberté de la critique est un hommage de plus ; en outre, l’affection fraternelle