celle qui aurait été la confidente des chastes amours et des nobles tristesses ; il avait perdu sa mère. Enfin cette lutte eut un terme. Abel Hugo avait fait éditer les Odes ; le premier acheteur fut le roi Louis XVIII.
L’édition s’enleva. Quatre mois après, V. Hugo reçut de Louis XVIII une pension de mille francs. C’était alors une fortune. « Avec mille francs l’on pou vait se marier ! »
Et ce fut ainsi que Victor Hugo épousa celle qui fut la splendeur de sa jeunesse, l’honneur de sa vie, la consolation de son exil. Aimante, inspiratrice, Mme Hugo a passé tout entière dans ces types fiers et doux de jeunes filles, pour lesquels le maître s’est toujours souvenu du premier et parfait modèle. Qui ne sait par cœur le cinquième livre des odes, dédié à la bien aimée et que l’on pourrait appeler le poëme des fiancés ?
III
Il marchait dans la vie d’un pas joyeux, fier, assuré, ce jeune couple respectable et charmant, ce jeune couple autour duquel s’ébattaient de beaux enfants, inspiration vivante de celui qui créa la poésie de la famille. Le poëte avait besoin de ces tendresses pré sentes. Les hostilités ne lui manquaient pas, jalouses, acharnées, féroces. Cromwell avait paru avec sa préface agressive. Les Orientâtes allaientéclater en mille fusées.