comme inutile. L’admirable écrivain aussi impétueux, aussi véhément, aussi hardi dans le maniement des images et des mots que Saint-Simon et que Victor Hugo eux-mêmes, est resté masqué, nous en avons peur, par l’orateur des deuils royaux et l’interprète de la politique sacrée. Et pourtant que d’infini dans Bossuet ? Ce ne sont qu’échappées mystérieuses ou larges perspectives ouvertes sur la mort, sur l’éternité, sur Yinconnu. Ce n est pas Eschyle, ce n’est point Pindare ou Shakespeare, c’est Bossuet devenu leur égal qui a dit :
« Ce nom de cadavre ne lui demeurera pas longtemps ; il deviendra un je ne sais quoi qui n’a plus de nom dans aucune langue. »
« La nature nous fait signifier qu’elle ne peut pas nous laisser longtemps le peu de matière qu’elle nous prête. »
« Cette recrue générale du genre humain, je veux dire les enfants qui naissent, semble nous pousser de l’épaule et nous dire : « Betirez-vous ; c’est maintenant notre tour. »
De telles pensées sont innombrables dans l’œuvre de Bossuet. Enfin nous ne pouvons comprendre que Gœthe soit également rejeté au nom de l’Infini, Gœthc, le poëte surhumain des deux Faust, qui dans son œuvre a fait tenir la lutte moderne de l’âme humaine entre le Doute et la Foi, lutte aussi épique, aussi formidable que le grand duel d’Ilion ; les obsessions du passé gothique représentées par Méphistophélès et le chœur du Brocken ; la nostalgie de l’antiquité personnifiée