Page:Des Essarts - Les Voyages de l’esprit, 1869.djvu/239

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sur de bien charmantes pages de cette première partie. On pourrait citer tous ces poëmes dédiés à Jeanne, parmi lesquels éclate une merveille, « les Étoiles filantes. » Mais les chefs-d’œuvre en cet ordre de délicatesses appartiennent surtout à la seconde partie, celle qui me rend le mieux Victor Hugo, agrandi par la fraternité de la mer, transfiguré par le lointain, couronnant son éternelle jeunesse d’une sagesse antique et vénérable. A part VAscension humaine, qui me contraindrait à quelques réserves, je ne vois rien que d’achevé dans cette seconde moitié de l’œuvre. Peutêtre bien un goût tant soit peu tendre serait-il choqué par quelques détails de Clôture. Mais que ce poëme est spirituel et profond à la fois ! Quant à toutes les autres pièces, je ne sais laquelle mériterait la plus belle branche de laurier. J’ai déjà parlé des poëmes adorablement ingénus : « Oiseaux et Enfants. » Égalité, le Grand siècle, fourmillent de pensées saisissantes et sympathiques. Non loin de là se détachent deux tableaux d’une, exécution remarquable par sa précision pittoresque comme par sa large simplicité. Je veux indiquer Saison des semailles et la Méridienne du lion. Je noterai aussi le Souvenir des vieilles guerres. Deux poëmes, d’une facture prodigieuse, contiennent, sous une forme humoristique, le plus éloquent plaidoyer contre les barbaries de la force, pour tout dire, contre la guerre. Une verve incroyable anime surtout le second poëme, où un buveur, beau d’ivresse, digne d’Aristophane, fait ruisseler sur les antiques préjugés des flots de verve lyrique, tout un débordement d’ironie