et dans l’enseignement Théocrite a été mis à sa véritable place. Vous verrez s’il ressemble au portrait que s’en était tracé le XVIIe siècle ; vous jugerez en quoi consiste cette prétendue trivialité qui choquait si fort le rhéteur du lycée ; mais avant tout vous estimerez si Théocrite est coupable de monotonie.
Ouvrez le petit livre qu’il nous a laissé, et ne vous trompez pas au titre. Le mot d’idylle, en grec, s’applique à tout petit poëme et répond au terme de poésies que nous avons adopté. Sur trente pièces de ce recueil, à peine les deux tiers appartiennent-ils à la vie rustique. On dirait un volume éclos de la veille, où l’ode rencontre le sonnet, où la chanson coudoie l’élégie. C’est absolument la même diversité savante. Et cette analogie n’est pas la seule : car Théocrite est venu également ranimer un art qui s’épuisait. Avec plus de franchise que de choix, plus de hardiesse que de goût, il a fait métier de novateur, et il s’est montré en quelque sorte le premier et le plus grand des romantiques grecs.
Rien n’est plus varié que l’œuvre de Théocrite. Des idylles dans le nouveau sens du mot antique, des chants d’amour, des odes anacréontiques, des pièces de circonstance, des poëmes historiques ou mythologiques : tout cela chez lui se mêle et s’ordonne dans la plus harmonieuse confusion, et encore ne saurait-on faire rentrer sous aucune de ces divisions quatre des meilleures pièces de Théocrite, la Quenouille, le Chant nuptial d’Hélène, les Pêcheurs et les Syracusaines.
Dans le premier de ces petits poëmes Théocrite s’adresse