Page:Des Essarts - Les Voyages de l’esprit, 1869.djvu/85

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que les Propos de table de Luther. C’est encore une suite d’échappées et d’ouvertures sur la pensée d’un grand homme, exposée aux regards dans la nudité de la vie quotidienne. Certes, nous sommes loin de prétendre que de ces entretiens Gœthe sorte transfiguré comme Martin Luther. D’excellents travaux ont élucidé l’existence du poëte ; son œuvre n’a pas été moins fréquemment appréciée. Mais si Gœthe paraît suffisamment connu du public français, ne le sera-t-il pas mieux encore après nous avoir fait assister aux évolutions les plus libres et les plus naturelles de sa pensée ?

Si ces Entretiens ne renouvellent pas les idées admises sur ce beau génie, ils les complètent et les déterminent. Ce n’est pas sans doute une découverte qui s’offre à nous, mais bien de suprêmes révélations et comme un dernier mot sur Gœthe dit par Gœthe luimême.

Ici, pour la première fois, rayonne toute la doctrine du poëte, dispersée auparavant dans ses ouvrages et maintenant ordonnée et mise en lumière. Ce livre nous apprend peu de chose sur la vie privée de Gœthe ; mais il vient fixer et éterniser l’histoire de ses idées sous une forme des plus engageantes, dans le cadre le plus heureux. Figurez-vous Gœthe conversant avec un ami, et aujourd’hui avec vous, lecteurs, amis innombrables des grands hommes. Il est là qui chaque jour reprend son entretien, tantôt sur un point de morale, plus souvent sur des sujets d’art ou de littérature. Il parle d’un dorien ou d’un lakiste, d’un contemporain de Ptolémée ou d’un novateur de 1825, au hasard d’une