Page:Des Essarts - Les Voyages de l’esprit, 1869.djvu/99

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fièvre, avec leur flamme, à l’intelligent commentaire de l’Antiquité.

Or, voici un nouveau converti à cette religion de l’Archaïsme, un poëte, un des meilleurs, qui, cédant aux tendances de son époque, vient à ce commentaire ajouter sa page studieuse. Une traduction de Térence, par le marquis de Belloy, une traduction en vers, c’est une œuvre de poëte, mais c’est une œuvre de critique aussi ; car si, dans un ouvrage de ce genre, le poëte apporte la science agile du rhythme et ces enchantements du style qui n’ont pu se définir que par l’expression de langue des dieux, l’exactitude de l’interprétation, la notion des valeurs relatives qui déterminent le choix des mots, la juste application de la couleur, tout cela relève de la critique. Si la part du poëte et celle du critique ont été égales et également heureuses, la traduction est parfaite, et le génie antique réflété nous révèle encore un de ses secrets.

Mais quel piége pour les interprètes que cette forme du vers ! Aussi les bonnes, les parfaites traductions de ce genre n’abondent pas. « Il en est jusqu’à deux que nous pourrions citer » : le Juvénal, par où M. Jules Lacroix préludait à son Œdipe roi, et le Térence, que M de Belloy vient de nous donner. Là, s’est fait à plaisir le mélange de l’inspiration et du travail, et des œuvres excellentes en sont nées, où Juvénal revit, où revit Térence, sans que disparaissent pourtant l’âp’e individualité de M. Lacroix, la personnalité gracieuse de M. de Belloy, attestées à chaque vers par la robuste