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Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/114

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vertes prairies qui l’environnent, Sarrance offre alors à l’œil un de ces paysages pleins d’accidents de perspective et de lumière qu’on ne rencontre que sur les toiles de Lantara. Ce sont ces mêmes habitations proprettes se détachant sur la sombre verdure des pentes gazonnées, ce sont ces mêmes arbres centenaires projetant au loin leurs grandes ombres mélancoliques, ce sont ces mêmes flammes décroissantes du couchant empourpré, ces mêmes lames d’or disant un dernier adieu au sommet des pics, ces mêmes teintes fantastiques enfin passant tour à tour de l’opale au rubis, du rubis à l’améthyste, de l’améthyste à l’émeraude, jusqu’à ce que la dernière nuance s’efface, que le mouvement cesse, que la vie s’éteigne et que la nuit triomphante étende paisiblement sur le val l’ombre, le silence et l’oubli. Il n’est pas jusqu’au pont suspendu dans les airs au-dessus du Gave, dont les eaux se roulent tumultueusement sous son arche, qui ne semble avoir été placé là pour compléter le tableau, tant il s’harmonise on ne peut mieux avec toute cette austère et imposante nature.

À droite et à gauche se dressent, comme deux murailles de granit, d’immenses et sombres montagnes dont la masse formidable semble toujours prête à écraser le passant sous les énormes blocs qui s’avancent en surplombant. Au dire de Marca,