Aller au contenu

Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/153

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tard devenir si fatal — eut connaissance de la perfide clause glissée par l’adroit Amatus dans l’acte de fondation du couvent de Sainte-Marie, il s’empressa bien vite, pour grossir sa caisse, en vrai Picard qu’il était, d’en décréter la dissolution, et comme il fallait bien donner un prétexte à cet acte inique, rien ne lui parut mieux, — bien que ce fût, au dire de l’abbé Poeydavant, un homme tout à fait irréprochable, — que de pousser l’indélicatesse jusqu’au bout, et d’en calomnier hautement les pauvres religieux en osant prétendre que l’apparente rigueur de leur règle n’était qu’une judaïque hypocrisie appelée à mieux cacher leurs honteux débordements. À en croire le très-vertueux prédécesseur de Maytie, les cellules du monastère n’auraient pas cessé de recevoir, nuit et jour, les femmes du village, assez aveuglées par l’esprit des ténèbres pour oser consacrer à des danses profanes avec les frères, dans les salles abbatiales, — bien peu tentantes d’ordinaire pour ce genre d’exercice ! — le temps qu’elles ne passaient point dans les bras des moines à assouvir leur lubricité.

Quoique tous ces dires fussent odieusement mensongers, Henri d’Albret, circonvenu par sa belle épouse, séduite elle-même par les insinuantes paroles de l’évêque d’Oloron, fit aux pauvres religieux de Sainte-Marie l’injure d’admettre ces ac-