Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/162

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inondée du plus riche et du plus beau monde qu’ait jamais fourni la première capitale du globe. Ce n’étaient de tous côtés qu’or, diamants, fleurs et parfums ; les cierges brillaient de mille feux ; il y avait comme une émanation divine sous les sombres arceaux, encens enivrant qui devait s’envoler bientôt sur les ailes de la prière. On allait commencer la bénédiction nuptiale : l’orgue soupira ses premières notes, notes doucement harmonieuses comme des voix d’anges, toutes les têtes se penchèrent : la jeune vierge entrait. Au murmure d’admiration générale que souleva sur son passage la royale beauté de la mariée, rehaussée encore par sa blanche toilette d’une richesse inouïe, je relevai la tête pour voir à mon tour et n’eus que le temps de la regarder une seconde. C’était elle, mon ami, mon inconnue des Eaux-Bonnes, l’idéal si longtemps caressé.

La douleur retomba sur mon cœur en larmes de sang. Je glissai évanoui sur la dalle du temple… mais au moins je n’entendis pas le oui fatal, je ne revis pas la jeune épouse passer, fière et pudique, avec la bénédiction divine au front.

Aimer et savoir que celle qu’on aime ne peut pas répondre à votre amour ! Avoir enfoui dans son cœur mille trésors d’affection, de tendresse, et ne pouvoir y faire participer un autre soi-même !