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Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/175

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si ai m’aist Dieu ! — Non as. — Et ne vîtes-vous pas, ce dit Orton, quand vous saulsistes hors de votre lit, aucune chose ? — Oil, dit-il, en séant sur mon lit, et pensant après toi, je vis deux longs fétus sur le pavement, qui tournèrent ensemble et se jouoient. — Et ce étois-je, dit Orton, en celle forme-là m’étois-je mis. » Dit le sire de Coarraze : « — Il ne me suffit pas ; je te prie que tu te mettes en autre forme, telle que je puisse te voir et connoître. » Répondit Orton : « — Vous ferez tant que vous me perdrez et que je me tannerois de vous, car vous me requérez trop avant. » Dit le sire de Coarraze : « — Non feras-tu, ni te tanneras point de moi ; si je t’avois vu une seule fois, je ne te voudrois plus jamais voir. — Or, dit Orton, vous me verrez demain, et prenez bien garde que la première chose que vous verrez, quand vous serez issu hors de votre chambre, ce serois-je. — Il suffit, dit le sire de Coarraze ; or, t’en va meshuy, je te donne congé, car je veuil dormir. »

« Orton se partit. Quand ce vint à lendemain à heure de tierce, que le sire de Coarraze fut levé et appareillé, si comme à lui appartenoit, il issit hors sa chambre et vint en unes galeries qui regardoient en mi la cour du chastel. Il jette les yeux et la première chose qu’il vit, c’étoit que on sa cour a une