Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/178

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et d’agilité, la folle enfant, elle, tout entière à l’idée de sa capture, oublia si bien le sentiment de sa propre conservation qu’à un instant, — s’approchant trop du bord pour s’emparer du fugitif dans un suprême effort, — elle eût infailliblement roulé dans les profondeurs de l’abîme sans une grosse branche — beth arram dans la langue du pays — qui se trouva tout à coup sous sa main, au moment où elle venait d’invoquer Marie, et la retint dans sa chute en lui permettant de s’accrocher à elle convulsivement.

Par reconnaissance pour la bonne Vierge, dans laquelle elle vit sa vraie libératrice, la jeune fille plaça sur son autel une branche aux feuilles d’or, et, depuis ce jour, non-seulement le nom de Notre-Dame du beau rameau, de beth arram, lui fut invariablement donné par tous, mais encore les gens du pays, voyant dans ce salut inespéré un incontestable miracle, eurent plus que jamais en vénération la bien humble, mais bien sainte chapelle, consacrée à la mère de toutes les douleurs, à celle qu’on n’invoque jamais en vain lorsqu’on souffre.

Une autre légende nous a été transmise par les anciens chroniqueurs.

La voici dans toute sa simplicité :

« En ce temps-là, c’est-à-dire à une époque in-