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Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/180

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gens d’une difficulté insurmontable. En conséquence, ce fut de l’autre côté de la rivière qu’on dressa une niche où la sainte image fut religieusement déposée[1].

« Mais, nouveau miracle ! autant de fois qu’on voulut l’y loger, autant de fois elle s’en retourna toute seule en sa première place. On ne put pas même la retenir dans l’église paroissiale, d’où elle revint encore sur les rochers des bords du Gave. Les habitants de Lestelle virent bien que c’était l’unique lieu choisi du ciel ; mais ils hésitaient toujours, lorsqu’une jeune villageoise, nommée Raymonde, prenant en main la cause de la reine des vierges, éleva la voix au milieu du peuple pour

  1. Cette niche subsiste encore au milieu des ronces, vis-à vis de la chapelle. Elle est pour ainsi dire incrustée dans le talus du lit de la rivière, et devant elle passe un chemin étroit qui divise ce talus en deux étages. C’est un corps de maçonnerie ayant une base d’un peu plus de 2 mètres de large, un couronnement circulaire et une hauteur totale de près de 4 mètres. L’embrasure de la niche a 71 centimètres de haut, ce qui peut donner une idée de la grandeur de l’image miraculeuse. La muraille, formée de pierres à demi disjointes, ne présente aucun caractère particulier ; mais comme on trouve le plein cintre au haut et au fond de la niche, et qu’il n’y a aucune trace d’ogive, on pourrait en conclure que ce monument date au moins du xiie siècle ; car on sait qu’à partir de cette époque presque toutes les constructions religieuses se font remarquer, pendant près de quatre cents ans, par des arcades ogivales ou en pointe.