brise et semble semé de paillettes d’or. Ces miroitements du ciel, ces horizons noyés dans une bande vaporeuse, cette transparence de l’air infini, cette profondeur d’un ciel sans nuages, valent le spectacle des montagnes.
Cependant, en ce moment où l’on sort des montagnes, on en rêve encore. Au bruit monotone de la diligence, les souvenirs se réveillent ; et comme on passe auprès du château de Bénac, ils se rassemblent autour de sa légende ; pendant que les voyageurs dorment et que les chevaux soufflent, on se conte à soi-même la vieille histoire que voici :
Bos de Bénac était un bon chevalier, grand ami du roi saint Louis ; il alla en croisade dans la terre d’Égypte et tua beaucoup de Sarrasins pour le salut de son âme. Mais à la fin, les Francs furent défaits dans une grande bataille, et Bos de Bénac laissé pour mort. On l’emmena prisonnier le long du fleuve, du côté du soleil, dans un pays où la peau des hommes était toute brûlée par la chaleur, et il y fut dix ans. On le fit pâtre de troupeaux, et on le battait souvent, parce qu’il était Franc et chrétien.
Un jour qu’il s’affligeait et se lamentait dans un lieu désert, il vit paraître auprès de lui un petit homme noir, qui avait deux cornes au front, un