Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/197

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tations du son coururent par tout son corps ; il frémit d’angoisse comme un homme en délire, et entendit distinctement la cloche qui chantait : Bos est revenu ; Bos est l’ami de mon maître ; Bos, ce n’est point la cloche de ton église ; c’est moi qui sonne ton retour. »

Il se sentit encore une fois enlevé dans l’air ; les arbres enracinés dans le roc pliaient devant son compagnon et lui, comme sous l’orage ; les ours hurlaient lamentablement ; des troupeaux de loups fuyaient en frissonnant sur la neige. De grands nuages roux couraient dans le ciel, déchiquetés et tremblotants comme des ailes de chauve-souris. Les malins esprits des vallées se levaient et tourbillonnaient dans la nuit. Les têtes des rocs semblaient vivantes ; il croyait voir l’armée des montagnes s’ébranler et le suivre.

Cette fois, Bos se trouva au pied du Bergonz, devant une porte de pierre qu’il n’avait jamais vue. La porte s’ouvrit d’elle-même, avec un bruit plus doux qu’un chant d’oiseau, et ils entrèrent dans une salle haute de mille pieds, toute en cristal, flamboyante comme si le soleil eût été dedans. Bos vit trois petites femmes, grandes comme la main, sur des siéges d’agate ; elles avaient des yeux clairs comme l’eau verte du Gave ; leurs joues avaient le vermillon de la rose sans épines ; leur robe