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Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/20

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comme le feu de tes prunelles, dit Oura à sa douce amie, c’est le présage de la félicité qui nous attend ; du bonheur que le ciel nous garde !

— Oh ! puisses-tu dire vrai, mon amour ! reprit la jeune fille avec des yeux humides de bonheur. Puisse notre bonne Dame de la Roche que j’ai tant priée exaucer mes vœux les plus chers !

Mais voilà que tout à coup le ciel s’assombrit. De gros nuages gris viennent friser les rochers de leurs capitons de ouate….. L’orage semble imminent….. Accumulés autour du disque rougeâtre du soleil comme les ruines d’un vaste incendie, les nuages à travers lesquels ce globe étincelant avait voyagé tout le jour, semblaient là comme autant de sinistres présages des désastres inévitablement précurseurs de la décadence d’un empire ou de la chute d’un monarque. Toute cette splendeur mourante de l’astre du jour, étalant une sombre magnificence sur les formidables vapeurs amoncelées sous ses pas, donnait à cette masse aérienne la forme fantastique des palais écroulés d’Herculanum ou de Pompéï. S’étendant sous ce dais étrange la mer avait tout le calme effrayant d’une fureur qui ne se tait que pour mieux éclater. Le flot bouillonnant sur les grèves formait d’étincelantes vagues d’écume blanche dont la marche insensible gagnait imperceptiblement les sables. Seuls, les cris des