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Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/217

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turantes péripéties pleines d’angoisses et de larmes.

Quatre heures durant, vous ne cessez de passer de l’admiration qu’excite la puissance inconnue qui a ainsi jeté les uns sur les autres rochers et torrents, à celle que soulève de son côté l’intelligente et opiniâtre patience avec laquelle l’homme a lutté pied à pied contre des obstacles en apparence insurmontables. Tout ce long dédale de pics, de rochers, de collines et de ravins qui se suivent, se croisent et s’entrelacent comme les longs replis de corridors infernaux, abonde en inimaginables contrastes.

Deux lieues environ plus loin que Pierrefitte, le spectacle devient surtout on ne peut plus saisissant ; non pas tant parce que de gros nuages sombres roulent presque toujours au ciel leurs capitons noirâtres comme de grandes draperies de deuil, que parce que les bruits du Gave, fouetté par le vent des tempêtes, montent alors vers vous comme les plaintes étouffées d’une âme maudite.

Ces triples et quadruples étages de rocs roussâtres et dénudés, ces sapins rabougris et tordus, ces angles étrangement tourmentés, ces ronces livides et âpres, ces squelettes d’arbres séculaires nus et dépouillés d’écorce, ces masses indécises et menaçantes prêtes à vous écraser de leur poids, ces monstrueuses gibbosités croulantes et rongées,