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Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/22

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c’est la mort ; un pas en arrière, c’est le roc : l’immobilité seule peut sauver, si du moins le ciel le permet…

— Ne crains rien, ma chérie, répondait Oura, ton bon ange nous protégera. Vois-tu là-bas ce point noir au milieu des vagues écumantes, tout à l’heure encore, il était presque aussi haut que le mât d’un brick, le voici bien petit maintenant ; mais, tant qu’il n’en sera point venu à nous sembler moins grand que mon berret, l’espoir du salut ne me quittera pas.

— Oui, mon amour, mais vois un peu la roche de Basta. Il n’y a qu’une minute sa masse énorme se dressait au-dessus des flots comme la quille d’un grand vaisseau et maintenant, sans le bouillonnement des vagues qui viennent se heurter contre ses brisants, rien n’attesterait sa présence, tant elle est engloutie sous l’eau.

— Espérons en Dieu !

Cependant les mugissements de l’orage se mêlant aux cris des oiseaux de mer retentissaient comme un glas funèbre sur nos deux victimes suspendues entre les deux spectacles de la nature les plus majestueux et les plus effroyables que je connaisse, une mer en furie et un abîme sans fond. De minute en minute leur ennemi s’avançait plus sombre, plus menaçant, gagnant imperceptible-