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Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/226

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dait autour d’elle, tandis que son compagnon, regardant au dedans de lui-même, éveillait, pour éloigner peut-être un ennui involontaire, quelques charmantes inspirations écloses sous le ciel de deux regards autres que ceux de sa voisine…

Toujours est-il que tous deux gardaient le silence. Soit pour lui demander un baiser, soit pour écouter sa pensée, la jeune fille se pencha vers son amant, mais elle tressaillit soudain ; une rougeur brûlante couvrit son front et sa joue. Un nom murmuré par cette bouche chérie venait de frapper son oreille, de retentir à son cœur, et ce nom n’était pas le sien.

Alors son âme s’éclaira d’une lueur terrible. Elle comprit tout ce qu’elle avait remarqué, indifférente ; les absences, les hésitations, les ennuis qui ne s’emparaient pas autrefois comme aujourd’hui de son amant assis auprès d’elle, les distractions ; tout, elle comprit tout ; mais, en même temps, la pauvre petite sentit qu’il lui serait impossible de nourrir une autre pensée, de chérir un autre nom, de trembler sous un autre regard.

Un voile de feu s’étendit sur sa paupière humide d’une dernière larme de désolation profonde, et comme son infidèle ami se réveillait à ce moment même de sa contemplation intérieure, elle se leva précipitamment et lui jetant à l’oreille ces