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Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/24

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féroces, rugissant dans leurs cages de ne pouvoir briser le seul obstacle qui les sépare de leurs victimes, les barreaux de leurs grilles.

Édère au désespoir pleurait abondamment.

— Faudra-t-il donc, dit-elle, renoncer à la vie sans tenter un dernier effort ? N’est-il pas, Oura, quelque sentier escarpé, dangereux, peu importe, par lequel nous puissions gravir le rocher ou même atteindre un point assez élevé pour y attendre le jour ? Dès qu’on connaîtra notre refuge, tout le pays, tu le sais, s’empressera d’accourir à notre aide.

— Autrefois, reprit Oura, quand j’étais enfant, j’étais le plus hardi pour gravir les rochers et dénicher les nids d’oiseaux sauvages ; mais voici bien des années que je n’ai essayé ni mes forces ni mon adresse.

— Patience alors et attendons tout de notre bonne Dame de la Roche !

À travers le fracas des éléments conjurés, un cri lugubre se fit entendre comme un présage de désolation prochaine : cri lugubre et monotone. Perché sur la cime proéminente du rocher noir, qui surplombait au-dessus de la chambre d’amour, un affreux hibou, déchirant les airs de sa voix terreuse, semblait n’être venu là que pour engager nos deux amants à refouler leur dernière espérance dans le dernier repli de leur cœur…..