Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/249

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camp, et ils le lapidèrent et il mourut, comme l’Eternel l’avait commandé à Moïse. »

Ce grave et terrible récit, si propre à frapper l’imagination d’un peuple poëte, a visiblement inspiré le mythe que je rapportais tout à l’heure. Dans la fable pyrénéenne, comme dans l’histoire de Moïse, c’est un homme qui fait du bois, malgré les défenses. C’est Dieu qui punit cet homme. Si la sentence est différente dans la légende montagnarde, c’est que lorsqu’elle naquit, le christianisme était venu changer le dogme et consacrer les expiations futures. Et si maintenant on s’étonne de la voir marcher côte à côte de l’exil, dans la lune, qui rappelle de tout autres croyances ; si on nous objecte ces quelques lignes de la grande Encyclopédie, au sujet de la destination de cet astre :

« L’antiquité pensait que les âmes moins légères que celles des hommes parfaits y sont reçues et qu’elles habitent les vallées d’Hécate, jusqu’à ce que, dégagées de cette vapeur qui les avait empêchées d’arriver au séjour céleste, elles y parviennent à la fin. » Nous répondrons qu’il ne s’en faut point étonner, car les légendes comme les avalanches se grossissent de tout ce qu’elles trouvent d’homogène sur leur passage, dans leur marche à travers les siècles.