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Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/252

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son souffle il l’avalait d’un seul trait. Le feu se mit à ses entrailles, et il eut une si grande soif, qu’il se prit à boire, à boire, et il buvait toujours. À la fin, il creva. L’eau qu’il avait absorbée se répandit et fit un lac : c’est le lac d’Isabit. Encore un lac ! c’est que dans cette nature prodigue, il est plus facile de les admirer que de les compter.

« Cependant les habitants reconnaissants du village d’Arbouix accordèrent à leur sauveur le droit de conduire ses troupeaux sans rétribution, sur les pacages qu’il avait affranchis, et ses descendants jouissent encore de ce droit.

« Ensuite, on prit les côtes du reptile, et l’on crut faire une chose agréable à Dieu, de s’en servir pour construire une église. Mais quand l’église fut bâtie, la grêle tomba sans relâche. On connut par là qu’il fallait brûler ces os parce qu’ils étaient maudits, et quand ils furent consumés, la grêle ne tomba plus. »

Selon nous, si l’on dépouille cette légende de tout ce que l’obscurantisme des siècles y a mêlé d’étranger et d’impur, rien n’est plus facile que d’y retrouver — surtout à l’aide d’une des plus célèbres traditions Euskariennes — le souvenir dénaturé d’une de ces grandes perturbations géogéniques dont les Pyrénées ont si souvent été le théâtre.

En effet, dans la tradition Euskarienne — que