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Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/258

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autant parce que nous l’avons déjà fait ailleurs que parce qu’il ne se rattache pas directement à ce qui fait l’objet de ce livre, le plus remarquablement curieux est sans aucun doute celui de Héas.

Nulle part l’âme ne se sent plus profondément émue qu’en cet endroit où la nature elle-même semble tout à coup expirer, tant les lieux s’y revêtent d’un aspect de désolation sinistre. Plus de végétation, plus de mouvement ; rien que le calme et l’immobilité. Les pics arides et dénudés, les monts chargés de neiges ou couverts de glaciers bleuâtres sont réfléchis par le lac dont l’onde inerte, dense et massive atteste la profondeur. Ce qui frappe, ce qui saisit, c’est l’idée que rien ne saurait animer cette morne solitude et le chaos qui l’entoure — chaos plus imposant et plus terrible encore que celui de Gavarnie — puisque c’est à peine si l’on remarque les deux gaves auxquels elle sert de berceau. Cent mille hommes n’y feraient pas plus de sensation que n’en doivent produire dans une forêt vierge des milliers de fourmis au pied des chênes antiques.

Au milieu s’élève entre d’immenses quartiers de granit effroyablement fendillés, un bloc énorme assez étrangement surnommé caillou d’Arrayé, qui domine les environs et semble menacer la montagne dont il est le produit et le contemporain. Sur