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Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/30

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nuages épais et noirs. L’air devint sec, dur et froid. Sur la mer il n’y eut plus que ténèbres et qu’obscurité. Autour des barques, près des barques, au loin, de tous côtés, la nuit — et une nuit sombre comme un drap mortuaire — empêchait de distinguer autre chose qu’une solitude immense dominée par un ciel glauque, terne et sinistre.

Par moments, par exemple, il semblait qu’un bruit vague, indécis, confus, mystérieux comme un songe horrible, s’approchât de plus en plus. Il n’avait rien de la voix hurlante de la tempête, mais c’était un murmure étrange, sourd, effrayant, assez semblable au râlement d’une hyène à l’odeur du sang.

— Rentrons au port, dirent tous les pêcheurs encore sous l’impression des paroles du vieux Jacques.

— Allez, poules mouillées que vous êtes, clama Limbey furieux, allez dire vos patenôtres avec ce vieil oiseau de malheur. Par Satan, moi, je reste pour vous faire honte.

— Prends garde, Limbey, prends garde ; cette fanfaronnade-là pourrait te coûter cher !

— Croyez-vous pas me faire peur avec vos avertissements de commères ? Le diable seul pourrait m’arracher d’ici.

— Adieu donc, entêté que tu es ! dirent-ils tous