Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/35

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en révélant leur présence. À genoux dans leurs barques, ils priaient en silence et demandaient à Dieu de leur pardonner d’être en mer…..

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Enfin l’obscurité pâlit. À l’horizon, tout à l’extrémité de la mer commença de poindre une toute petite clarté, légère et blanchâtre, une raie si mince, si déliée, si faiblement lumineuse que leurs yeux, malgré toute leur persistance à plonger dans le vide, avaient grand’peine à la distinguer.

….. Petit à petit, elle grandit, grandit, semblant de minute en minute se rapprocher davantage. Enfin le soleil apparut et les surprit dans la plus profonde des prostrations. À peine s’ils osaient s’interroger du regard et se compter les uns les autres, comme il arrive toujours lorsqu’on vient d’échapper à un grand danger.

Ils regagnèrent le port.

Sur la côte gisait, horriblement crispé par la fiévreuse agonie du désespoir, le cadavre de Limbey l’impie. Non loin de lui, les mille débris de sa barque, lacérés en tous sens d’une manière étrange, semblaient porter la trace de déchirures fantastiquement crochues. Tout autour enfin, la mer encore fiévreuse promenait sa langue blanche sur les sables, comme une lionne qui vient de dévorer sa proie.