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Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/91

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Le hennissement et l’aboiement redoublèrent. Cette fois, Marguerite, toute transie, feignit d’autant plus de dormir qu’elle vit son époux inquiet, troublé, agité, la regarder d’une façon étrange, puis, persuadé qu’elle dormait, s’approcher de la fenêtre en disant : « Je viens ! je viens ! » et sortir.

Deux heures se passèrent sans qu’elle le vît reparaître.

Au bout de ce temps il revint ; mais il était froid comme glace, comme l’est un cadavre étendu sur les hideuses dalles de la Morgue.

La nuit suivante, il en fut de même. Quand minuit vint, Marguerite, feignant toujours de dormir, vit son mystérieux époux se lever, prendre grand soin de ne la point éveiller, et sortir. Comme la veille, il revint glacé deux heures plus tard.

Le lendemain enfin, toujours à la même heure, il se leva encore, alluma une lumière, la passa devant les yeux de Marguerite, parut heureux de son profond sommeil, répondit : « Me voilà ! me voilà ! » à des piaffements et à des aboiements d’impatience qui se firent entendre au dehors, et partit.

Marguerite se leva aussitôt, résolue à le suivre. Elle l’aperçut de loin, marchant avec défiance et regardant sans cesse derrière lui si personne ne l’épiait.