Page:Des Roches - Les Missives.pdf/28

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la poësie pratiquez avec Dieu, me pourriez tromper si je ne pensois vos lettres voües par vous à ceste deité, dont Apulée trop craintif fit dans Hipate le sacrifice à ses depens. Vous dites qu’il ne me faut jamais voir, ou me voir tousjours. Ceux qui au prin-temps de leur aage ont assemblé en eux tant d’aggreables diversitez propres à leur naturel, comme vous, ne doivent jamais frequenter les personnes simples & uniformes, comme nous sommes ma Fille & moy : ny laisser les menus plaisirs pour choisir la vie privée. Aussi vous estes vous porté en cela de telle sorte, que sans ce miroir espois au centre, qui vous fait sembler le point un grand corps, vous cognoistriez avoir esté si peu de temps en nostre compagnie, que la presence ne pourroit vous donner cause d’amitié, ny l’absence de regret.

24.


MOnsieur, le romarin n’est point plus agité de vents, de vagues, & d’orages, que moy de fievre, de langueur, & de passion d’estomac, qui se sont violemment saisis de mon triste domicile : & m’ont osté le moyen de vous imiter, à manger, boire, & escrire une lettre qui en vaille deux, comme vous dites de la vostre : aussi n’ay-je pas telle opinion de ceste-cy. Mais la Mere & la Fille n’estant jamais divisees (n’ayant qu’une volonté) n’ont besoin que d’une response pour se recommander à vos graces, & desirer que Madamoiselle vostre mere, ensuivant Penelope ne vueille pour second mary, que le saint regret du premier