inutile, elle s’éloigna donc et s’effondra un peu
plus loin dans l’herbe où elle alluma une cigarette.
Certes Léontine n’avait point d’amour pour son compagnon, mais accoutumée aux garçons de ferme, elle était flattée d’avoir été distinguée par un gentleman aussi élégant. Sa vanité satisfaite, en l’occurrence lui tenait lieu d’affection.
De derrière le buisson où elle se trouvait, Betty les surveillait, s’ingéniant à surprendre les secrets de leur entente. Un émoi la serrait à la gorge, une salive épaisse montait à ses lèvres, son cœur battait avec violence.
Pourtant elle n’apprit rien susceptible de l’étonner, sa théorie était assez étendue pour qu’elle n’eût plus rien à apprendre.
Les deux autres qui la savaient proche, se moquaient de sa naïveté et surtout de sa curiosité inquiète. Jean par Léontine avait appris son âge exact mais cette précocité dans le vice ne l’effrayait point.
Cette surveillance finit par la lasser, elle se redressa et s’éloigna maussade, en haussant les épaules. Elle ne savait plus ce qu’elle souhaitait, continuellement balancée entre le désir et la peur, toujours la maturité morale était en lutte contre le physique encore insuffisamment mûri.