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BETTY PETITE FILLE

Elle fut enchantée de l’élégance audacieuse de l’ancienne servante, élégance qui lui donnait la sensation du vice, de la prostitution.

Puis le soir elles décidèrent d’un commun accord que Léontine amènerait un éclat lui permettant de quitter sur l’heure Madame Cérisy. La fillette se prépara à beaucoup s’amuser.

Le moyen fut simple : le souillon apporta sur la table une soupe carbonisée.

Madame Cérisy se crut autorisée à une timide remarque ; elle demanda seulement si ce potage n’était un peu brûlé.

Léontine, le chignon sur l’oreille et l’œil flamboyant, se cabra. Elle hurla, dit tout ce qu’elle savait, tout ce qu’elle avait surpris par les trous de serrure. À la patronne, elle cracha toute sa turpitude, l’éclaboussa de la boue dans laquelle, inconsciente, elle se roulait.

Madame Cérisy suffoquait, Betty baissait le nez pour « rigoler» à son aise. Cette dispute lui apprenait une multitude de choses qu’elle avait toujours ignorées.

Sa mère en revanche s’étonnait, jamais elle n’avait pensé que ses actions fussent condamnables, parce qu’elle ne les affichait point sur la place publique. Péché caché est à moitié pardonné.