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BETTY PETITE FILLE


avec discrétion, ne perdant cependant, ni une bouchée, ni un « coup de vin ». Elle avait le sens pratique très aiguisé.

Morande était calme, sa digestion pénible l’empêchait de se livrer aux flirts puériles et il s’inquiétait pour l’instant, uniquement de son estomac qui se gonflait avec méchanceté.

Le café dégusté, il fallut se retirer, ce fut Madame Cérisy toujours sage qui donna le signal du départ :

— Cette petite n’a pas l’habitude de veiller si tard !

De biais la gamine lui coula un regard railleur : sa noble mère ignorait que dans la solitude de son lit virginal, souvent elle ne parvenait à s’endormir ou se passionnait à la lecture d’un roman. Mais les mères appartiennent à un genre de bipède, dont la nature est de se tromper toujours.

Morande cependant acquiesça ; lui surtout avait hâte de retrouver son lit : c’est bon pour les enfants de se coucher à des heures exagérées.

Ils sortirent et comme la température était douce, ils flânèrent un moment le long du boulevard.

Betty aurait fort souhaité passer par la rue Lafayette dans l’espoir délicat d’apercevoir Léontine sur « le tas ». Cette joie lui fut refusée, elle dut monter en un maussade taxi, auprès de