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BETTY PETITE FILLE


intention qu’elle avait particulièrement soigné son élégance.

Dans le boudoir, en une pose étudiée, elle feuilletait avec maussaderie, une revue de modes ; Betty, sur un pouf non loin, feignait de s’amuser follement à contempler un album d’images. En réalité, elle pensait à Charles-Charlotte, à sa beauté rose, à sa perversité extravagante qui l’empêchait de jouer vis-à-vis d’elle, le rôle dévolu par la nature à son anatomie.

Elles étaient silencieuses et assez ennuyées, chacune gênant l’autre par sa présence. Si elles avaient mieux cherché à se comprendre, elles auraient vu qu’elles se trouvaient infiniment rapprochées, par les mêmes soucis et les mêmes aspirations intimes.

Le timbre de l’entrée les fit sursauter ; Madame Cérisy regarda avec effroi dans la direction de la minuscule pendule blanche. Jouer au monsieur et à la dame, en compagnie d’un tapissier, à cette heure de canicule, lui parut une chose désastreuse. Certainement, elle allait transpirer, et sentirait l’aigre, au lieu du « Premier oui ».

Mais il fallait plier devant la dure nécessité et Betty, dissimulant un sourire ironique, courut ouvrir.