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BETTY PETITE FILLE

Plus perspicace que la mère, il devinait que Betty sous le masque d’innocence qui lui était coutumier, cachait des impatiences et des besoins ardents. Et puis dans le froid de son hiver, il aimait à sentir auprès de lui, cette jeunesse toute vibrante, dont la vigueur semblait le vivifier.

L’intimité lui permettait des privautés qui flattaient encore ses sens se contentant d’à peu près.

Contre lui, souvent Betty avait perçu le désir, la mordant soudain ; elle avait vu dans les prunelles de l’homme passer l’étincelle de la lubricité. Elle sentait plus qu’elle ne comprenait, mais le résultat restait identique.

Comme elle s’abandonnait sans crainte, elle s’étonnait qu’il ne fut plus osé. Dans sa candeur, elle croyait avouer par son maintien, tout ce qui bouillonnait dans son cœur affolé.

Mais l’homme ne pouvait comprendre, conservant encore l’illusion de la demi-innocence de l’enfant. Il ignorait que dans la femme n’existe jamais que deux états se succédant brusquement : cessant d’être enfant, elle est immédiatement femme, sans transition véritable.

Ce jour-là, elle le rejoignait avec l’idée secrète qu’il se passerait entre eux quelque chose de définitif. Quoi ? elle l’ignorait ; peut-être une promesse ; peut-être une entente.