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BETTY PETITE FILLE


s’accommoder de ces stratagèmes, ils lui venaient naturellement, sans qu’elle eût besoin de chercher.

Léontine tirée de sa somnolence habituelle par ces hurlements stridents, apparut soudain.

Une minute elle resta ahurie à la vue de cette vierge affolée et nue. Elle bégaya, ne comprenant pas :

— Ah ben ! Ah ben !

Puis sa curiosité s’éveilla, le désir à son tour l’effleura, sans qu’elle parvînt cependant à le préciser.

Les traits crispés, elle considérait la fillette, ne s’étonnant déjà plus de la voir ainsi. Dans son esprit paresseux, montait lentement une idée trouble, un besoin de pervertir la fille de la patronne, qu’elle détestait de toute sa rancune longuement amassée.

— Attendez un peu que je vous flanque une fessée, goguenarda-t-elle.

Ce n’était point la brutalité qui l’attirait, mais le contact de cette chair jeune et fraîche.

Betty s’arrêta palpitante : enfin, elle allait goûter au fruit défendu.

— Chiche ! fit-elle narquoise.

L’autre se rapprocha, l’allure féline, une bave mousseuse aux commissures des lèvres.