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BETTY PETITE FILLE


charme aphrodisiaque de cette musique semi-nègre. Elle sentait à ses reins comme une douleur, ses yeux devenaient fixes, son cœur se crispait.

Elle aussi percevait en elle, cette soif subite des caresses, des voluptés profondes, malheureusement elle ignorait lesquelles exactement.

En des visions fugitives, elle revoyait sa mère en compagnie des divers tapissiers et elle souhaitait de pouvoir l’imiter, se jurant que c’était là le bonheur.

La musique cessa soudain et elle eut comme un sursaut qui la rejeta brutalement sur la terre. Alors elle regarda mieux les hommes qui l’entouraient, se demandant si cette fois, ce n’était l’occasion tant espérée.

Mais elle les vit livides, hideux, les lippes baveuses, les yeux troubles. Un dégoût insurmontable lui monta aux lèvres et elle se recula comme épouvantée.

Léontine aveulie sur sa chaise, attendait quelque chose d’imprécis et d’agréable. Elle se sentait bien au milieu de cette atmosphère tiède de luxure, qui glissait en elle une béatitude voluptueuse.

Les hommes se taisaient, gênés par l’exaspération intime qu’ils ne savaient exprimer en termes congrus.