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BETTY PETITE FILLE


santes, dans le but de voir, si elle aurait un geste de défense. Elle rit et le laissa faire.

Alors il offrit une promenade en taxi et cette fois, elle accepta sans hésitation, une malice dans les yeux. Cette distraction, elle l’enviait depuis longtemps ; qu’un homme la lui procurât, confirma ses opinions anciennes.

Sur le boulevard ils trouvèrent une auto et comme le chauffeur faisait mine de rabattre les capotes, Louis l’arrêta. L’automédon comprit et eut un sourire égrillard ; Betty eut une rougeur subite qui lui envahit les joues.

Rapidement ils montèrent les Champs-Élysées, dans la trépidation haletante du moteur. Au bois, le chauffeur ralentit et suivit avec soin les allées solitaires : il faut toujours être bon avec son prochain.

La fillette auprès de l’homme fut de nouveau intimement émue, un désir montait en elle, désir constamment combattu par la frayeur latente.

Sans brusquerie, il l’avait prise à la taille et sa barbe soyeuse lui effleurait le cou. Le chatouillement la fit rire et elle tourna la tête.

Alors, devant elle, en une vision inoubliable, elle vit des yeux exorbités de lubricité, une bouche de faune tordue et baveuse.

Elle eut un recul d’épouvante et de sincère dégoût.